Blanchir sa peau. Derrière ce geste, qui s’impose dans de nombreux pays africains, caribéens et au sein des diasporas, se cache une violence silencieuse. Une violence héritée du colonialisme, qui continue de dicter ses normes de beauté et de peser lourdement sur la santé des femmes noires.
Les produits éclaircissants et de dépigmentation de la peau, vendus sous le manteau ou parfois en pleine vitrine, sont des poisons légaux. Hydroquinone, corticoïdes, mercure : autant de substances qui détruisent la peau, fragilisent le système immunitaire et augmentent les risques de cancer de la peau. Les femmes qui les utilisent ne cherchent pas la maladie, elles cherchent l’acceptation. Mais ce qu’elles trouvent, ce sont des brûlures, des cicatrices, des infections, et parfois l’irréversible.
Ce n’est pas un choix libre, c’est une contrainte sociale. Le culte de la peau claire est un héritage colonial qui a survécu aux indépendances. Il s’est infiltré dans les imaginaires, dans les médias, dans les industries cosmétiques. Il dit aux femmes noires : « votre peau n’est pas assez belle ». Il leur impose une hiérarchie raciale intériorisée, où la blancheur est synonyme de réussite et la noirceur de marginalisation.
La responsabilité est immense. Les multinationales cosmétiques qui profitent de ce marché toxique, les États qui ferment les yeux, les médias qui continuent de valoriser des modèles uniformisés : tous participent à ce système destructeur. Pendant ce temps, des millions de femmes mettent leur santé en péril pour correspondre à un idéal qui n’a rien d’innocent.
Il est temps de nommer les choses : blanchiment de la peau et produits éclaircissants dangereux sont des injonctions coloniales. C’est accepter une double violence : celle qui nie l’identité et celle qui détruit le corps. La beauté ne devrait jamais être synonyme de souffrance, encore moins de cancer.
Refuser ces standards, c’est affirmer que la peau noire n’a pas besoin d’être corrigée. Elle est belle, elle est forte, elle est vivante. Et c’est en brisant ce mythe que les femmes noires pourront enfin se libérer d’une domination qui, trop longtemps, a fait de leur corps un champ de bataille.






