Courir, en apparence, est l’un des sports les plus accessibles. Une paire de chaussures de running, un short, un t-shirt, et l’on pourrait croire que chacun peut s’élancer librement sur une piste ou dans un parc. Pourtant, derrière cette image d’un sport universel et démocratique, se cache une réalité bien plus dure : l’athlétisme est aujourd’hui confronté à une fracture sociale profonde.
Les équipements sportifs de qualité, indispensables pour éviter blessures et surmenage, coûtent cher. Les chaussures de course haut de gamme, parfois vendues à plus de 200 euros, sont devenues un marqueur social autant qu’un outil de performance. Les inscriptions aux clubs d’athlétisme, les déplacements pour les compétitions, les stages d’entraînement, tout cela représente un investissement que beaucoup de familles ne peuvent assumer. L’athlétisme, censé être le sport de tous, se transforme peu à peu en discipline réservée à ceux qui en ont les moyens.
Cette fracture est d’autant plus préoccupante que l’athlétisme incarne une valeur universelle : l’effort individuel, la persévérance, la recherche de dépassement de soi. Mais comment parler de dépassement sportif quand l’accès même à la pratique est limité par des contraintes financières ? Les jeunes issus de milieux modestes, pourtant souvent dotés d’un potentiel athlétique remarquable, se voient freinés dans leur progression faute de ressources.
Le paradoxe est cruel : alors que l’athlétisme est célébré comme le sport fondateur des Jeux Olympiques, symbole d’égalité et de mérite, il devient dans la réalité un terrain où les inégalités sociales se reproduisent. Les fédérations sportives et les institutions doivent prendre conscience de cette urgence. Subventionner davantage les clubs, démocratiser l’accès aux équipements, soutenir les familles, voilà des mesures indispensables pour que courir redevienne un droit et non un privilège.
Car l’athlétisme ne devrait pas être une vitrine réservée à une élite équipée de chaussures dernier cri. Il doit rester ce qu’il a toujours été dans l’imaginaire collectif : une discipline universelle, où chaque foulée est une conquête de liberté.






