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AFD : activité stable, Afrique sacrifiée

L’Agence française de développement (AFD) affiche un volume d’activité solide en 2025 — près de 14 milliards d’euros engagés, plus de 4 300 projets — mais derrière cette façade de stabilité, une réalité s’impose : l’Afrique paie le prix des coupes budgétaires françaises.

Une agence qui avance sous perfusion budgétaire

L’AFD maintient son rythme, mais dans un contexte de réduction massive de l’aide publique au développement (APD). Après une coupe de 2 milliards d’euros l’an dernier, une nouvelle baisse de 700 millions est prévue en 2026. Résultat : l’agence doit revoir sa stratégie, ses outils et ses priorités.

L’Afrique, première victime de la nouvelle doctrine

Le continent africain, pourtant cœur historique de l’action française, voit ses financements reculer. Les dons, essentiels pour les pays les plus fragiles, ne représentent plus que 10 % des financements. L’AFD se retire progressivement des secteurs sociaux :

  • santé
  • éducation
  • protection sociale
  • formation professionnelle

À la place, elle privilégie des domaines jugés plus « stratégiques » ou plus rentables :

  • énergie
  • gouvernance
  • gestion des migrations

Une réorientation qui change profondément la nature de l’aide française.

Les ONG dénoncent une aide qui s’éloigne de sa mission

Pour les ONG, le virage est dangereux. La montée en puissance des prêts, dans des pays déjà surendettés, inquiète. « Les services essentiels ne sont pas conçus pour être rentables », rappelle Mathieu Paris (CCFD‑Terre Solidaire). Appliquer une logique d’investissement à des systèmes de santé ou d’éducation fragiles revient, selon lui, à déconnecter l’aide de sa vocation première.

L’AFD cherche de nouveaux alliés pour survivre

Face à la contraction de l’APD, l’agence se tourne vers d’autres sources :

  • Union européenne
  • philanthropies
  • marchés financiers (désormais majoritaires)

Cette diversification lui permet de tenir le cap, mais elle transforme l’aide française en un mécanisme hybride, plus dépendant des logiques financières que des priorités sociales.

Un tournant qui redéfinit l’influence française

En réduisant son engagement en Afrique, la France prend le risque de laisser le champ libre à d’autres puissances plus offensives. Moins de dons, moins de soutien aux services publics, plus de prêts : la politique française de développement entre dans une nouvelle ère, plus sélective, plus contrainte — et plus contestée.

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