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La Chine, premier pays chrétien du monde d’ici à 2030 ? Une projection qui interroge

L’idée peut surprendre : la Chine, pays officiellement athée et dirigé par un Parti communiste qui encadre strictement les religions, pourrait devenir d’ici à 2030 le premier pays chrétien du monde en nombre de fidèles. Cette projection, avancée depuis une dizaine d’années par plusieurs chercheurs, continue d’alimenter le débat. Entre croissance souterraine des Églises, contrôle accru de l’État et recomposition religieuse, la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît.

Une croissance spectaculaire du christianisme depuis les années 1980

Depuis l’ouverture économique initiée par Deng Xiaoping, le christianisme connaît en Chine une progression fulgurante. Les estimations varient, faute de statistiques officielles fiables, mais les tendances convergent :

  • dans les années 1980 : environ 3 à 4 millions de chrétiens ;
  • dans les années 2000 : 20 à 30 millions ;
  • aujourd’hui : entre 60 et 100 millions, selon les chercheurs indépendants.

Cette croissance repose en grande partie sur les Églises protestantes non officielles, dites « Églises domestiques », souvent très dynamiques, structurées en réseaux et difficiles à quantifier.

Pourquoi le christianisme progresse-t-il autant en Chine ?

Plusieurs facteurs expliquent cette expansion :

1. Une quête de sens dans une société en mutation

L’urbanisation rapide, l’individualisation et les fractures sociales ont créé un besoin de repères spirituels. Le christianisme, avec ses communautés solidaires et son message d’espérance, attire de nombreux jeunes urbains.

2. Un tissu communautaire très actif

Les Églises protestantes, en particulier, proposent :

  • des groupes de prière,
  • des réseaux d’entraide,
  • des formations bibliques,
  • un accompagnement social.

Elles jouent un rôle que l’État ne remplit pas toujours.

3. Une religion perçue comme moderne

Contrairement à certaines traditions religieuses chinoises, le christianisme est parfois associé à :

  • la réussite économique,
  • l’éducation,
  • l’ouverture internationale.

Cette image séduit une partie des classes moyennes.

Le contrôle de l’État : un frein ou un catalyseur ?

Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, le contrôle des religions s’est renforcé. Le gouvernement promeut une politique de « sinisation » du christianisme, visant à aligner les pratiques religieuses sur les valeurs du Parti.

Cela se traduit par :

  • la fermeture d’églises non enregistrées,
  • la surveillance des pasteurs,
  • la censure des contenus religieux en ligne,
  • la réécriture de certains textes liturgiques,
  • la limitation des activités pour les mineurs.

Paradoxalement, cette pression n’a pas freiné la croissance du christianisme. Elle l’a parfois déplacée vers la clandestinité, rendant les communautés plus résilientes et plus soudées.

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