L’ONG Portes Ouvertes a dévoilé cette année son Index Mondial de Persécution des Chrétiens, un document devenu, au fil du temps, l’un des baromètres les plus précis de l’état de la liberté religieuse dans le monde. Les chiffres qu’il révèle ne sont pas seulement alarmants : ils dessinent la cartographie d’une souffrance silencieuse, souvent ignorée, parfois niée, mais pourtant bien réelle. 365 millions de chrétiens vivent aujourd’hui sous la menace directe de violences, de discriminations ou de restrictions sévères de leur foi. Une réalité qui, loin de s’atténuer, semble s’enraciner.
Une persécution qui persiste malgré une baisse relative des violences
Certes, l’Index note une légère diminution des actes de violence par rapport à l’année précédente. Mais cette nuance statistique ne doit pas masquer l’essentiel : dans de nombreuses régions du monde, vivre en chrétien demeure un acte de courage quotidien. Derrière les chiffres, ce sont des vies brisées, des familles dispersées, des communautés entières contraintes à la clandestinité.
Les données publiées cette année sont sans équivoque :
- 4 998 chrétiens tués, soit treize vies fauchées chaque jour pour leur seule appartenance religieuse.
- 14 766 églises ciblées, dont près de 10 000 en Chine, signe d’une pression institutionnelle sans précédent.
- 4 125 chrétiens détenus, dont la moitié en Inde, rappelant que la liberté de culte reste fragile même dans des démocraties émergentes.
- 4 125 chrétiens kidnappés, dont 3 300 au Nigéria, pays devenu l’un des épicentres de la violence anti‑chrétienne.
Ces chiffres ne sont pas de simples indicateurs : ils témoignent d’une réalité humaine, politique et spirituelle qui interroge notre époque.
Un record inquiétant : les lieux de culte pris pour cible
Le nombre d’églises attaquées atteint cette année un niveau jamais observé depuis la création de l’Index. 14 766 lieux de culte visés, soit près de sept fois plus qu’en 2023. Ce chiffre, à lui seul, dit quelque chose de la nature de la persécution contemporaine : elle ne se contente plus d’atteindre les individus, elle cherche à effacer les symboles, à détruire les espaces où se tissent la mémoire, la communauté, la transmission.
Dans certaines régions, l’église n’est plus seulement un lieu de prière : elle devient un acte de résistance.
Une urgence morale et politique
La persécution des chrétiens n’est pas un phénomène marginal. Elle traverse des continents entiers, du Sahel à l’Asie du Sud, du Moyen‑Orient à l’Amérique latine. Elle révèle des fractures profondes : montée des nationalismes religieux, fragilisation des États, instrumentalisation identitaire, expansion de groupes armés.
Face à cette réalité, l’indifférence serait une faute. L’Index de Portes Ouvertes nous rappelle que la liberté religieuse, souvent considérée comme acquise dans les sociétés occidentales, demeure ailleurs un combat quotidien.
Un appel à regarder le monde sans détour
Les chiffres ne suffisent pas à dire la douleur, mais ils obligent à ouvrir les yeux. Ils invitent à comprendre que la persécution religieuse n’est pas un vestige du passé, mais l’un des défis majeurs du XXIᵉ siècle. Ils rappellent enfin que derrière chaque statistique se cache un visage, une histoire, une foi vécue parfois au prix du sang.
