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Ghibli Museum : visite incontournable à Tokyo

À l’orée du parc d’Inokashira, dans cette banlieue arborée de Mitaka où Tokyo semble soudain reprendre son souffle, se niche un lieu singulier : le Ghibli Museum, sanctuaire discret de l’imaginaire japonais. Plus qu’un musée, il s’agit d’une parenthèse, d’un interstice où l’on pénètre comme on franchit le seuil d’un rêve — avec précaution, presque avec déférence.

Conçu par Hayao Miyazaki, maître artisan de l’animation contemporaine, le bâtiment se présente comme une architecture vivante, irrégulière, volontairement éloignée des lignes droites et des surfaces lisses qui dominent la capitale. Ici, tout semble avoir été pensé pour dérouter le visiteur, l’inviter à ralentir, à regarder autrement. Les escaliers s’enroulent comme des lianes, les fenêtres s’ouvrent sur des perspectives inattendues, et les couleurs, patinées par le temps, évoquent les maisons anciennes que l’on croise encore dans les ruelles de Yanaka.

À l’intérieur, l’expérience se déploie en strates successives. Les salles d’exposition, où s’entassent croquis, celluloïds et carnets de travail, témoignent de la minutie presque monastique avec laquelle les artisans du studio façonnent leurs univers. On y perçoit la lenteur assumée d’un art qui refuse la cadence industrielle, préférant la fidélité à la main, au geste, à la matière.

Le musée offre également un privilège rare : la projection d’un court‑métrage inédit, visible uniquement entre ces murs. Ce rituel, auquel chaque visiteur se soumet avec une attention quasi religieuse, rappelle que le cinéma, avant d’être un produit, demeure un acte de transmission.

Sur le toit, la silhouette du robot géant de Laputa veille, immobile, sur les jardins environnants. Figure mélancolique, il semble incarner à lui seul l’ambivalence de l’œuvre de Miyazaki : une nostalgie tournée vers l’enfance, mais traversée d’une inquiétude sourde face au monde moderne.

Le Ghibli Museum n’est pas un lieu que l’on visite ; c’est un lieu que l’on habite le temps d’une parenthèse. Il invite à renouer avec une forme d’attention, de disponibilité intérieure que nos sociétés pressées ont reléguée au second plan. En cela, il s’inscrit pleinement dans cette tradition japonaise où l’art n’est jamais séparé de la vie, mais s’y glisse, humblement, comme une respiration.

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