Dans le paysage mouvant de l’industrie de défense européenne, peu d’acteurs incarnent aussi clairement la recomposition stratégique du continent que Rheinmetall, devenu en quelques années l’un des piliers du complexe militaro‑industriel allemand. Depuis 2022, le groupe, spécialiste des chars de combat, des munitions et des technologies militaires avancées, connaît une croissance fulgurante. Sous l’impulsion d’Armin Papperger, son dirigeant, l’entreprise a vu son cours de Bourse s’envoler, porté par la montée en puissance du réarmement allemand et par une demande accrue en équipements terrestres et systèmes d’armes.
Rheinmetall ne se contente plus d’être un fournisseur historique de la Bundeswehr : il ambitionne désormais de bâtir un écosystème de défense paneuropéen, capable d’intégrer les capacités terrestres, navales, aériennes et spatiales. Cette stratégie offensive, nourrie par des acquisitions ciblées et des coopérations industrielles, vise à positionner le groupe au cœur de la souveraineté technologique européenne.
Ce mouvement, mené avec une rapidité qui surprend les chancelleries, prend souvent de vitesse les responsables politiques. Il révèle une vérité que l’Europe peine encore à formuler : dans un monde redevenu conflictuel, ce sont les industriels de l’armement — et non les gouvernements — qui redessinent les contours de la puissance.
L’ascension de Rheinmetall n’est donc pas seulement celle d’un groupe prospère. Elle est le symptôme d’un continent qui redécouvre la nécessité de penser la puissance, de moderniser ses forces armées, et de structurer une défense européenne capable de répondre aux défis du XXIᵉ siècle.






