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« L’endroit où l’IA se crée, se pense et s’invente : c’est nous. »

Comment l’intelligence artificielle peut-elle tirer parti de ses atouts sur le champ de bataille de demain ? Où se situent les risques ? Klaus Kappen, directeur de la technologie chez Rheinmetall, qui coordonne la recherche et le développement, apporte des réponses dans un entretien avec DIMENSIONS.

Comment évaluez‑vous le développement actuel de l’intelligence artificielle et son impact sur l’industrie ?

Nous vivons aujourd’hui le cœur d’une nouvelle révolution industrielle, dont les effets se déploient déjà dans de nombreux aspects de notre quotidien. Cette transformation est portée par des matériels toujours plus puissants, capables de fournir une capacité de calcul sans précédent. L’intelligence artificielle s’apprête à influencer l’ensemble des processus industriels et à remodeler en profondeur le développement technologique.

Rheinmetall entend jouer un rôle moteur dans cette évolution, en intégrant l’IA pour améliorer continuellement les performances de ses produits. La maîtrise des processus restera toutefois un principe intangible. Un défi majeur persiste : la vérification des résultats produits par l’IA, même lorsqu’ils semblent parfaitement plausibles. Comme tout système fondé sur l’apprentissage automatique, la qualité de l’IA dépend directement de celle des données qui l’entraînent.

Dans quels domaines voyez‑vous le plus grand potentiel ?

L’IA est déjà un outil incontournable pour Rheinmetall. Elle intervient dans nos processus internes, nos systèmes informatiques, nos phases de développement et nos protocoles de test. Elle ouvre également des perspectives inédites en matière de simulation. Aux États‑Unis, par exemple, certains essais nucléaires sont désormais entièrement simulés grâce à l’IA sur des supercalculateurs.

À l’avenir, l’IA assistera les humains partout où des décisions devront être prises dans des environnements dynamiques, à partir de volumes massifs de données. Cette capacité devient particulièrement cruciale dans le domaine militaire, où la connaissance situationnelle repose sur des informations complexes et des flux de reconnaissance gigantesques — et où chaque seconde compte dans la prise de décision tactique.

Quel rôle joue l’IA chez Rheinmetall, dans les secteurs civil et militaire ?

L’intelligence artificielle est intégrée depuis longtemps à notre stratégie d’entreprise. Nous sommes en train de devenir un véritable pôle d’excellence dans ce domaine. Avec l’équipe Innovation de Rheinmetall IT Service, nous avons déjà identifié une centaine de cas d’usage destinés à faciliter le travail quotidien. Tous sont actuellement en cours de validation.

Ces applications couvrent un large spectre : chatbots, gestion des connaissances, automatisation des processus, contrôle qualité, ou encore outils d’assistance à la création de fichiers pour PowerPoint et d’autres logiciels. La distinction entre usages civils et militaires n’a que peu de sens pour nous : les technologies sont identiques.

L’IA est déjà intégrée à de nombreux produits Rheinmetall et jouera un rôle croissant dans l’assistance aux soldats, en les soulageant de tâches répétitives ou complexes, afin qu’ils puissent se concentrer sur les décisions essentielles.

« La fiabilité ou la résilience de l’IA est un facteur auquel nous accordons une grande importance », déclare Klaus Kappen dans un entretien avec Oliver Hoffmann, responsable de la presse et des relations publiques chez Rheinmetall et rédacteur en chef de DIMENSIONS.

Disposez-vous déjà de produits intégrant l’IA (Intelligence Artificielle) ?


Nous livrons déjà des produits « compatibles IA », comme le véhicule blindé de transport de troupes Boxer en configuration porte-armes lourd pour l’infanterie, destiné aux forces armées allemandes. Si le client le souhaite, nous pouvons intégrer l’IA à ces véhicules. Concrètement, cela repose sur une architecture de tourelle basée sur l’IA que nous avons développée : le système d’acquisition de cibles automatisé pour tourelle, ou AT-TAC. Ce système automatise les fonctions de reconnaissance et d’observation au sein de la tourelle, facilitant ainsi l’acquisition, la classification et l’évaluation des cibles. Notre nouveau char de combat principal Panther et le véhicule de combat d’infanterie Lynx sont également compatibles avec l’AT-TAC. Et si, à l’avenir, nous fournissons à nos clients des données de reconnaissance SAR depuis l’espace…

…dans le cadre de votre partenariat avec l’opérateur satellitaire finlandais ICEYE…


…oui, l’IA joue également un rôle crucial dans l’évaluation et l’utilisation de ces données. Dans le secteur des drones, nous développons un réseau neuronal pour nos systèmes aériens sans pilote, capable d’identifier des cibles militaires potentielles depuis le point de vue d’un drone, même à grande distance. Nous travaillons également sur un modèle d’IA permettant la reconnaissance d’un objet depuis le point de vue d’un autre drone ou ultérieurement. Son intégration dans les premiers systèmes aériens sans pilote est déjà en cours. En matière de classification d’événements audio, nous nous concentrons sur la reconnaissance audio passive pour améliorer la connaissance de la situation, en utilisant l’IA pour nous avertir de l’approche de véhicules, de drones, etc. – agissant comme une oreille artificielle intelligente. Je pourrais en citer bien d’autres…

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