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Racisme anti-asiatique en France : la tribune de Soc LAM – Avocat

Le racisme anti-asiatique en France n’est pas un racisme “doux”, ni une plaisanterie, ni une exception culturelle. Il s’agit d’une violence réelle, d’une discrimination raciale qui viole les principes constitutionnels les plus fondamentaux. L’article 1er de la Constitution proclame l’égalité devant la loi “sans distinction d’origine”. Le Code pénal criminalise les discriminations fondées sur l’origine réelle ou supposée. Le Code du travail interdit strictement toute discrimination à l’embauche, dans le déroulement de carrière ou au licenciement. Pourtant, lorsque les victimes sont perçues comme asiatiques, ce racisme demeure toléré, banalisé, invisibilisé. La société accepte des violences qu’elle condamnerait immédiatement si elles visaient d’autres groupes.

Briser le mythe de la minorité modèle

Le mythe de la minorité modèle enferme les personnes asiatiques dans des stéréotypes prétendument positifs : travailleurs, discrets, performants, dociles. Ces clichés sont discriminatoires et produisent des effets concrets : refus de promotion, moqueries scolaires, assignation à des rôles techniques. Même un préjugé favorable peut constituer une discrimination raciale au sens du droit français.

La loi française prévoit des sanctions pour l’injure raciste, la diffamation raciste, la provocation à la haine raciale, les violences aggravées par un mobile raciste et la discrimination pénalement sanctionnée. Pourtant, les plaintes des victimes asiatiques sont trop souvent classées sans suite. Ce n’est pas la loi qui manque, mais la volonté institutionnelle de l’appliquer.

Sur le marché du travail, les discriminations anti-asiatiques persistent. À l’embauche, des candidats sont écartés pour leur nom ou leur accent. Dans la carrière, un plafond de verre empêche l’accès aux postes de direction. Au quotidien, des micro-agressions telles que des imitations d’accent, des blagues sur le COVID ou des moqueries sur les “yeux bridés” constituent un harcèlement discriminatoire.

L’école est souvent le premier lieu où se manifestent les violences anti-asiatiques : surnoms racistes, agressions physiques, moqueries. Ces faits sont pénalement répréhensibles mais trop souvent minimisés par les établissements scolaires, qui parlent de “taquineries” au lieu de racisme. C’est un déni institutionnel et une faute administrative.

Géopolitique et haine raciale

Depuis la pandémie de COVID-19, les tensions géopolitiques ont alimenté une explosion de violences anti-asiatiques : agressions dans les transports, vitrines brisées, insultes en ligne. Les réseaux sociaux sont devenus un vecteur massif de haine raciale, malgré la loi sur les contenus haineux.

Ce que le droit permet déjà

Le droit français impose l’aggravation des peines en cas de mobile raciste. Le Défenseur des droits peut être saisi. Des actions civiles, pénales, prud’homales et administratives sont possibles. Chaque recours crée un précédent et renforce la jurisprudence.

Il est temps que la République regarde ce racisme en face. Le racisme anti-asiatique en France n’est pas un folklore ni une blague. C’est un délit, une injustice, une violation flagrante de l’idéal républicain. Le droit existe, mais il faut la volonté politique et institutionnelle pour l’appliquer. Soc LAM – Avocat appelle à rendre visible l’invisible, à briser la tolérance coupable et à reconnaître enfin le racisme anti-asiatique comme ce qu’il est : une discrimination punie par la loi.

Avocat à la Cour d’appel de Paris

Docteur en droit

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