Il est des lois qui dorment, et des silences qui coûtent cher. Vingt-quatre ans après l’adoption de la loi de 2001 imposant trois séances annuelles d’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires, force est de constater que l’État n’a pas tenu parole. Les chiffres sont implacables : seule une minorité d’élèves bénéficie réellement de ce droit, pourtant inscrit noir sur blanc dans le code de l’éducation.
Aujourd’hui, trois associations – SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial – ont décidé de porter plainte contre l’État. Leur démarche n’est pas une provocation, mais un rappel à l’ordre. Car derrière cette carence, ce sont des générations entières qui grandissent sans les outils nécessaires pour comprendre leur corps, leurs relations, leurs droits.
Une responsabilité politique
L’éducation sexuelle n’est pas une option. Elle est un pilier de la santé publique et de l’égalité. Pourtant, les gouvernements successifs ont reculé devant les résistances idéologiques, préférant laisser les enseignants seuls face à un sujet jugé « sensible ». Résultat : une loi bafouée, et un fossé entre les textes et la réalité.
Des conséquences lourdes
- Violences sexuelles en hausse : +33 % en 2021.
- Usage insuffisant du préservatif : deux jeunes sur trois n’en font pas un usage systématique.
- LGBTphobies en progression : +28 % entre 2020 et 2021.
Ces données ne sont pas abstraites. Elles traduisent des vies fragilisées, des discriminations renforcées, des risques sanitaires accrus. L’éducation sexuelle, lorsqu’elle est bien menée, permet de prévenir, d’informer, de protéger. Son absence, elle, laisse le champ libre aux violences et aux préjugés.
Une question de société
Réduire l’éducation sexuelle à une simple prévention des risques biologiques serait une erreur. Elle est aussi un espace pour parler de respect, de consentement, d’égalité entre les sexes, de diversité des orientations. Elle est un apprentissage de la citoyenneté. Refuser de l’appliquer, c’est refuser aux jeunes la possibilité de grandir dans un cadre éclairé et protecteur.
La plainte des associations est un acte politique fort : elle rappelle que l’État n’est pas au-dessus de ses propres lois. Si la justice leur donne raison, ce sera plus qu’une victoire juridique : ce sera un signal envoyé à toute la société. L’éducation sexuelle n’est pas une faveur, c’est un droit. Et un droit qui, trop longtemps, a été oublié.





