Une idée millénaire
Longtemps considérée comme un outil de domination du patriarcat sur le corps des femmes, la virginité revient aujourd’hui au centre des débats. Cette notion, invisible et pourtant lourde de conséquences, a traversé les millénaires, les religions et les guerres. Elle a pu décider du destin d’une femme, d’un mariage ou d’une réputation.
Le mot vient du latin virgo. À l’origine, il ne désignait pas la sexualité mais l’état civil : une jeune femme non mariée. Au fil du temps, il est devenu symbole de pureté et d’innocence. Dans la Rome antique, les vestales devaient rester vierges pour protéger la cité. Dans la Bible, la virginité de Marie est érigée en modèle suprême de sainteté. Ainsi, le corps des femmes est devenu un territoire à surveiller, avec pour frontière une fine membrane : l’hymen.
La science contre les mythes
Les recherches médicales ont montré que l’hymen n’est pas une preuve fiable de virginité. Il peut être absent, intact après un rapport sexuel ou se déchirer pour d’autres raisons. Pourtant, des milliers de femmes ont été jugées, humiliées ou répudiées à cause de cette croyance. Aujourd’hui encore, plus de 20 pays pratiquent des tests de virginité, malgré leur caractère non scientifique et discriminatoire. En France, il y a seulement quinze ans, certains mariages religieux exigeaient encore des certificats de virginité.
Le retour sur les réseaux sociaux
Sur TikTok et Instagram, la virginité fait son retour à travers des hashtags comme #purityculture ou #virginitypledges. Ces serments de chasteté séduisent une partie de la jeunesse, qui les présente comme un choix personnel ou une revendication identitaire. Pour certains, il s’agit d’une mode passagère. Pour d’autres, d’un véritable phénomène de société qui traduit un besoin de repères dans un monde hypersexualisé.
Une emprise toujours contestée
De nombreux militants et chercheurs rappellent que la virginité n’est pas seulement un état du corps. Elle reste un instrument de contrôle social et de pouvoir masculin. Derrière le discours de pureté, se cache encore une logique de domination qui enferme les femmes dans des normes héritées du passé.





