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Correction des marchés : les institutionnels misent sur l’Asie et l’Europe

  • Au niveau mondial, le risque géopolitique (49%) et une potentielle bulle technologique (43%) sont les principales menaces identifiées. En France les inquiétudes portent en priorité sur la dette publique et la fiscalité (48 %).
  • 74 % des investisseurs institutionnels anticipent une correction des marchés en 2026 : 49% prévoient une baisse comprise entre 10 et 20% ; 25% anticipent une correction supérieure à 20%.
  • Face à ce contexte, 71 % des institutionnels estiment que la gestion active surperformera la gestion passive. Cette conviction est particulièrement forte sur le segment obligataire, où 71 % des interrogés jugent la gestion active essentielle pour naviguer sur les marchés de taux.
  • Les investisseurs institutionnels prévoient également de faire évoluer leur allocation avec une augmentation significative des actions asiatiques (90%) et européennes, tandis qu’une certaine désaffection se manifeste à l’égard des actions américaines (76%).
  • Les actifs privés continuent d’occuper une place centrale dans les portefeuilles : 64% des investisseurs institutionnels estiment qu’ils offrent un potentiel de rendement supérieur aux marchés cotés. Ils prévoient notamment d’augmenter leurs allocations en capital-investissement (39 %) et en dette privée (35 %).

Paris, le 20 novembre 2025 – Après trois années consécutives de performances à deux chiffres, les investisseurs institutionnels se préparent à un retour possible de la volatilité en 2026. Malgré la solidité affichée par les marchés en 2025, 74% des investisseurs institutionnels dans le monde s’attendent à une correction l’an prochain, selon les résultats de la dernière étude annuelle de Natixis Investment Managers (Natixis IM).

Cette étude mondiale sur les attentes des investisseurs institutionnels a été réalisée entre septembre et octobre 2025 auprès de 515 investisseurs institutionnels au sein de 29 pays, dont 50 en France. L’échantillon regroupe des fonds de pension publics et privés, des assureurs, des fondations, des fonds de dotation, des banques centrales et des fonds souverains. Au total, l’ensemble des participants représente collectivement 29 900 milliards de dollars d’actifs.

Instabilité géopolitique, inflation et ralentissement économique : des menaces croissantes

Pour les investisseurs interrogés, l’accumulation de risques est désormais telle qu’elle pèse directement sur les choix d’allocation. Le risque géopolitique arrive en tête au niveau mondial (49%), devant la bulle technologique (43%) et le risque de récession (33%). En France, l’étude montre que les investisseurs institutionnels sont d’abord préoccupés par la dette publique et la fiscalité (48%), devant les tensions géopolitiques (44%).

À cela s’ajoute une détérioration du contexte politique : 73% des investisseurs institutionnels dans le monde jugent que l’instabilité politique menace les marchés, un avis encore plus marqué en France où 78% des investisseurs partagent cette crainte.

Sur le plan macroéconomique, les investisseurs redoutent un ralentissement prolongé. Deux tiers d’entre eux (66%), et 72% en France, estiment que la faiblesse de la croissance pourrait finalement conduire à une récession.

Le retour de la gestion active face aux incertitudes

Face à ce contexte fragmenté, les investisseurs institutionnels se tournent vers la gestion active, convaincus qu’elle constitue le meilleur levier pour naviguer dans des marchés plus volatils. 62% des investisseurs estiment que la gestion active surperformera la gestion passive en 2026, une conviction soutenue par les deux tiers des répondants qui déclarent avoir déjà observé cette surperformance au cours des douze derniers mois.

Sur le segment obligataire en particulier, où les tensions sur l’inflation et les trajectoires de taux continuent d’alimenter la volatilité, 71 % des investisseurs jugent la gestion active indispensable. Après une année 2025 mouvementée sur les marchés obligataires, les institutionnels anticipent une situation similaire en 2026 : 49 % s’attendent à une volatilité stable, 38 % à une hausse liée aux incertitudes sur l’inflation et la politique monétaire. Malgré ces risques, une majorité (55 %) reste néanmoins optimiste pour la classe d’actifs.

Un intérêt croissant pour les actifs privés

Parallèlement, la diversification via les actifs privés s’impose comme un élément structurant des portefeuilles. Les investisseurs privilégient de plus en plus des allocations équilibrées combinant 60% d’actions, 20% d’obligations et 20% d’actifs alternatifs, un mix jugé plus performant que le traditionnel 60-40 par 65% des interrogés.

Cette préférence se traduit concrètement par des ajustements d’allocation : de nombreux investisseurs institutionnels prévoient d’augmenter leur exposition au private equity (39%), aux infrastructures (38%), à la dette privée (35%) ou encore à l’immobilier (27%), illustrant une quête de rendement moins dépendante du cycle traditionnel actions-obligations.

Enfin, 77% des investisseurs européens (70% en France) se montrent opportunistes vis-à-vis des valeurs de la défense, convaincus que la hausse des dépenses militaires soutiendra l’économie des marchés développés et créera de nouvelles opportunités, notamment dans le non coté.

Allocation géographique : les investisseurs privilégient l’Europe et l’Asie

La diversification s’exprime aussi à l’échelle géographique. Après plusieurs années de surperformance, 76% des investisseurs interrogés prévoient de réduire (32%) ou de maintenir (44%) leur allocation en actions américaines, traduisant un net recul de l’appétit pour les États-Unis. À l’inverse, 90 % des investisseurs institutionnels envisagent d’augmenter (44 %) ou de maintenir (46 %) leurs allocations en actions asiatiques, tandis que 88 % prévoient d’augmenter (40 %) ou de maintenir (44 %) leurs allocations en actions européennes.

Les marchés émergents connaissent également un basculement notable. La moitié des investisseurs institutionnels considèrent désormais que l’Inde dépassera la Chine pour devenir le principal marché d’investissement émergent — une opinion partagée par 46 % des investisseurs français.

Intelligence artificielle : entre opportunité et crainte de bulle

L’intelligence artificielle, qui a été un moteur de performance sur les marchés en 2025, est perçue avec davantage de nuance pour 2026. Si une majorité d’investisseurs (65%) restent convaincus que l’IA continuera de soutenir la croissance, 46% redoutent désormais une bulle. 34% des investisseurs français s’attendent d’ailleurs à une possible correction sur les marchés en 2026.

Malgré ces réserves, l’IA est perçue comme un vecteur d’innovation et de compétitivité : 68% des investisseurs institutionnels estiment qu’elle permet d’identifier des opportunités d’investissement auparavant indétectables, tandis que 49% affirment qu’elle améliore la détection des risques de portefeuille. Les opportunités liées à l’IA ne se limitent pas aux marchés cotés : 52% des investisseurs envisagent déjà des opportunités au sein de l’écosystème technologique lié à l’IA dans le non coté.

L’investissement durable reste une conviction forte

Malgré les débats persistants, l’investissement durable reste stratégique pour les institutionnels : 58% dans le monde, et 64% en France, considèrent que l’intégration de critères ESG génère de l’alpha. L’approche privilégiée reste l’intégration des critères de durabilité au cœur de l’analyse fondamentale. En France, cette conviction est particulièrement ancrée : 86% des investisseurs considèrent que la prise en compte des facteurs ESG améliore le profil rendement/risque des investissements (66% à l’échelle mondiale).

Cette conviction se traduit par un engagement concret dans le financement de la transition énergétique. Les investisseurs institutionnels se concentrent notamment sur les infrastructures, considérées comme attractives par 61 % des investisseurs en raison de leur alignement avec les objectifs de durabilité à long terme. À l’échelle mondiale, 38 % des répondants prévoient d’augmenter leurs investissements dans ce secteur, qui inclut les énergies renouvelables et la modernisation des réseaux. De plus, 31 % d’entre eux prévoient d’augmenter leurs allocations en obligations vertes (Green Bonds). Enfin, l’ambition de décarbonation est claire : 33 % des institutionnels travaillent activement pour atteindre des portefeuilles Net Zéro à l’avenir, tandis que 41 % mesurent déjà l’empreinte carbone de leur portefeuille.

Gad Amar, Directeur Distribution Europe de l’Ouest de Natixis IM, commente :
« Dans un environnement marqué par des risques géopolitiques persistants et un cycle économique moins lisible, les investisseurs institutionnels confirment leur résilience. Ce qui ressort de manière très nette dans cette édition 2026, c’est une volonté d’action : renforcer la diversification, privilégier la gestion active et saisir les opportunités offertes par les actifs privés et l’IA. Les investisseurs institutionnels français, en particulier, restent pragmatiques : ils anticipent des vents contraires, mais continuent d’allouer là où la valorisation, la qualité et la visibilité sont au rendez-vous. »

Une version complète du rapport Institutional Investor Outlook for 2026 de Natixis Investment Managers est disponible ici :  
https://www.im.natixis.com/en-intl/insights/investor-sentiment/2025/institutional-outlook

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