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Un président peut-il briguer un troisième mandat après une pause ?

Emmanuel Macron effectue actuellement son second mandat en tant que président de la République. À l’issue de ces cinq années, pourrait-il, après une pause de cinq ans, se représenter en 2032 ? La question mérite d’être posée, car elle touche directement aux règles constitutionnelles encadrant la durée du pouvoir présidentiel en France.

Une limitation introduite en 2008

Avant la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, aucun texte ne limitait officiellement le nombre de mandats successifs qu’un président pouvait exercer. Théoriquement, un chef de l’État pouvait donc être réélu indéfiniment, à condition de remporter chaque scrutin présidentiel. Toutefois, dans la pratique, aucun président de la Ve République n’a effectué plus de deux mandats.

Le cas le plus marquant est celui de François Mitterrand, qui a dirigé la France pendant quatorze ans, de 1981 à 1995, profitant à l’époque du septennat. Jacques Chirac a lui aussi été réélu, mais son second mandat a été raccourci à cinq ans, la réforme du quinquennat ayant été adoptée en 2000.

Depuis la réforme de 2008l’article 6 de la Constitution stipule clairement que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Cette règle impose donc un maximum de dix années consécutives à la tête de l’État pour un président réélu.

Pourquoi cette limitation ?

L’instauration d’un plafond à deux mandats consécutifs répond à plusieurs objectifs :

  1. Moderniser les institutions de la Ve République : en limitant la durée du pouvoir exécutif, la réforme vise à éviter une personnalisation excessive du régime et à garantir un renouvellement politique régulier.
  2. Éviter une concentration excessive du pouvoir : un président en exercice bénéficiant d’un pouvoir étendu et de la possibilité de réélection illimitée pourrait affaiblir la démocratie et limiter l’alternance politique.
  3. S’aligner sur d’autres démocraties occidentales : de nombreux pays, comme les États-Unis, appliquent déjà une limitation stricte du nombre de mandats présidentiels.

Une pause de cinq ans : un retour possible ?

Si un président ne peut pas briguer trois mandats consécutifs, la Constitution n’interdit pas pour autant qu’il se représente après une interruption. L’article 6 se limite à préciser que les mandats ne peuvent pas être successifs, mais il ne fixe aucune limite au nombre total de mandats qu’un président peut exercer dans sa vie.

Dans le cas d’Emmanuel Macron, il ne pourra donc pas être candidat en 2027, puisqu’il aura alors accompli deux mandats consécutifs (2017-2022 et 2022-2027). Toutefois, s’il décide de faire une pause de cinq ans, il pourra parfaitement se représenter en 2032, sous réserve de gagner l’élection.

Ce scénario serait inédit sous la Ve République, mais il n’est pas impossible. À l’étranger, certains dirigeants ont déjà suivi une trajectoire similaire. Vladimir Poutine, par exemple, après deux mandats consécutifs (2000-2008), a laissé la présidence à Dmitri Medvedev avant de revenir au pouvoir en 2012.

Un scénario réaliste ?

Même si la Constitution autorise un retour après une pause, plusieurs facteurs rendent ce scénario incertain :

  1. L’opinion publique : après dix ans au pouvoir, un président sortant peut susciter une lassitude auprès des électeurs, rendant une réélection plus difficile après une absence.
  2. L’évolution du paysage politique : une absence de cinq ans laisse place à de nouveaux leaders et à une recomposition des forces politiques. Revenir dans un contexte différent peut être un défi.
  3. Le rôle de l’ancien président pendant l’interruption : rester actif en politique (comme à la tête d’un parti) ou au contraire s’éloigner du pouvoir peut influencer ses chances de retour.

La limitation à deux mandats consécutifs, introduite en 2008, impose à tout président sortant de quitter ses fonctions après dix ans. Toutefois, elle ne l’empêche pas de se représenter après une interruption, ce qui signifie qu’Emmanuel Macron pourrait techniquement briguer un nouveau mandat en 2032.

Un tel scénario serait inédit dans l’histoire de la Ve République, mais il reste juridiquement possible. Reste à savoir si, en 2032, l’opinion publique et le paysage politique permettraient un tel retour.

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