
Présidentielle du 12 avril 2025 au Gabon : une élection décisive sous surveillance
L’élection présidentielle au Gabon, initialement prévue pour avril 2026, a été avancée au 12 avril 2025 par les autorités de transition. Cette décision s’inscrit dans le processus engagé après le coup d’État du 30 août 2023, qui a mis fin au régime d’Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 2009 et héritier d’une dynastie politique ayant dirigé le pays pendant plus de cinq décennies.
À la tête de la junte militaire, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a été désigné président de la transition. Ancien chef de la Garde républicaine, il a rapidement entrepris une refonte des institutions. En novembre 2024, une nouvelle Constitution a été adoptée par référendum. Elle prévoit notamment un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois, et la suppression du poste de Premier ministre. Ces réformes ont été présentées comme une étape vers une gouvernance plus efficace et responsable, bien que leur mise en œuvre concrète reste scrutée avec prudence.
Le scrutin du 12 avril représente un tournant politique majeur. Il est censé marquer le retour à l’ordre constitutionnel et la fin de la période transitoire. Le général Oligui Nguema est considéré comme favori, soutenu par une partie de l’opinion pour ses discours de rupture et ses mesures contre la corruption. Mais sa probable participation suscite des interrogations : une transition démocratique peut-elle être crédible si elle est conduite par un chef de junte en lice pour le pouvoir ?
Face à lui, Alain Claude Bilie By Nze, ancien Premier ministre, figure parmi les principaux challengers. D’autres personnalités issues de l’opposition ou de la société civile pourraient également se présenter, bien que le paysage politique reste instable.
La communauté internationale observe cette élection avec attention. L’Union africaine, la CEEAC et d’autres partenaires étrangers insistent sur la nécessité d’un scrutin libre, transparent et inclusif. Toutefois, des inquiétudes subsistent quant à l’indépendance de la Commission électorale, à la liberté de la presse et à l’équité du processus.
Au-delà de l’enjeu institutionnel, le futur président devra faire face à d’importants défis économiques et sociaux. Le chômage, les inégalités, la montée du tribalisme , la corruption et la nécessité de diversifier une économie dépendante du pétrole sont au cœur des préoccupations. La légitimité du prochain pouvoir dépendra autant de la manière dont il sera élu que de sa capacité à répondre aux attentes de la population.