
Exil à Luanda : La fin d’une ère pour Ali Bongo et sa famille ?
Le 15 mai 2025, la famille de l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba a quitté Libreville pour Luanda, mettant fin à dix-neuf mois de captivité. Derrière cette libération discrète, une médiation diplomatique menée par le président angolais João Lourenço, dans un geste mêlant humanité, stratégie et influence régionale.
Un exil négocié dans l’ombre
C’est un départ sans éclat, décidé à huis clos et sans caméras. Le 15 mai, Ali Bongo, renversé lors du coup d’État du 30 août 2023, a quitté Libreville avec son épouse Sylvia et leur fils Noureddin. Deux ans de détention sous le régime militaire du général Brice Clotaire Oligui Nguema prennent ainsi fin.
Destination : Luanda, capitale de l’Angola, où un dispositif d’accueil discret attendait la famille présidentielle déchue. Désormais, c’est en terre angolaise que s’écrira la suite de leur histoire.
Luanda, médiateur entre Libreville et les Bongo
Derrière ce dénouement inattendu, une médiation stratégique orchestrée par João Lourenço, président en exercice de l’Union africaine. Depuis plusieurs mois, Luanda œuvrait en coulisses pour obtenir un compromis avec les nouvelles autorités gabonaises.
Le général Oligui Nguema, à la tête du régime militaire, ne s’opposait pas à ce départ, tant que cela se faisait sans bruit et sans retour politique. L’asile angolais est donc apparu comme la solution idéale : ni réhabilitation, ni abandon total, mais une sortie contrôlée.
Un exil entre diplomatie et influence régionale
L’accueil des Bongo en Angola répond à une double logique : Un geste humanitaire envers une famille détenue dans des conditions critiquées à l’étranger. Une affirmation du rôle régional de Luanda, qui se positionne comme un acteur majeur en Afrique centrale.
Président en exercice de l’Union africaine, João Lourenço renforce ainsi la place de l’Angola dans la résolution pacifique des conflits. Face aux coups d’État militaires et aux transitions incertaines dans la région, Luanda s’impose comme un médiateur incontournable.
L’ère Bongo est-elle définitivement révolue ?
Officiellement, les autorités angolaises parlent d’un « geste souverain dans l’esprit de la réconciliation africaine ». Les Bongo, eux, restent silencieux et se conforment à la discrétion imposée par leurs hôtes.
Installés dans une résidence sécurisée à Luanda, ils bénéficient d’un statut protégé, à mi-chemin entre l’exil volontaire et l’asile diplomatique.
Ce départ marque-t-il la fin d’une dynastie de plus de 50 ans au Gabon ? Pour de nombreux observateurs, l’exil de Libreville à Luanda ressemble à un point final. Mais en Afrique centrale, les apparentes fins politiques sont souvent de simples transitions. Luanda sait mieux que quiconque que l’histoire africaine se réécrit sans cesse.